Marathon de Paris 2015, et un et deux et trois !

En 2013 j’avais tenté de mettre toutes les chances de mon côté en suivant un plan de préparation au marathon de Paris ultra personnalisé afin de le courir en moins de 3 heures. Pas prêt mentalement j’avais échoué malgré une excellente préparation.
Depuis je ne voulais plus entendre parler de marathon et dimanche matin, à quelques dizaines de minutes du départ de la 39ème édition de cet énorme marathon, je criais à qui voulait bien l’entendre que j’avais la trouille malgré le peu d’enjeu.

Je dois ma troisième participation à cette course à la chance d’un tirage au sort du concours organisé par le baume du tigre sur un réseau social. J’ai appris la nouvelle à la fin du mois de février alors que j’étais en pleine préparation de l’éco-trail de Paris dont j’avais fait un objectif. Autant dire que trois semaines après ma belle performance sur les sentiers d’île de France et une récupération laborieuse, je n’affichais aucune ambition particulière.

Dimanche matin je retrouve Julien aka Mangeur de cailloux sur l’avenue Foch. Il estime pouvoir s’approcher des 3h10. Lui aussi a les « 80 kilomètres d’il y a 3 semaines » dans les jambes. Les conditions sont excellentes et s’annoncent même un peu chaudes. Dans le sas nous retrouvons Pierre et Guillaume. Dans l’absolu nous avons tous le potentiel pour flirter avec la barre des 3 heures. Contrairement à nous Pierre et Guillaume se sont spécifiquement préparés pour ce marathon.

Notre vague s’élance à 8h47 pour parader sur l’avenue des Champs Élysées. C’est la troisième fois mais l’instant est à chaque fois grandiose d’évoluer dans cet environnement exceptionnel. Maya est là pour immortaliser ce moment ! Comme d’habitude je trace ma route sans (trop) me retourner. Et comme d’habitude je pars un peu vite. Aucun coup d’oeil à ma montre, j’adopte l’allure qui semble me convenir le mieux pour cette première traversée de Paris d’ouest en est.

jahom_maya

Au 7ème kilomètre j’échange quelques mots avec un meneur d’allure équipé de la flamme rouge des 3 heures. Je lui demande si son début de course est régulier, à l’allure théorique. Il me répond que oui. Je comprends qu’il va falloir que je lève le pied…
Premier passage au dessus du boulevard périphérique, la meute s’enfonce doucement dans le bois de Vincennes. Nous contournons le zoo et passons sous l’arche du dizième kilomètre. Je refuse toujours de contrôler mon allure que j’ai tout de même pris le soin de baisser un peu. En réalité je passe en 43’13.

Nous filons vers l’esplanade du château de Vincennes, puis vers l’hippodrome avant de revenir dans les rues de Paris, presque 9 kilomètres plus loin, par l’avenue de Gravelle. Je boucle les 10 kilomètres suivants en 44’27 et passe au semi marathon en 1h32’37 peu de temps avant de recevoir les encouragements du crew de supporters de BoostSentier. Le second passage sur la place de la Bastille me donne des frissons. Je m’amuse à frôler la foule pour ressentir sa présence mieux encore.
Au 23ème kilomètre, avant la descente sur les quais, j’aperçois le chapeau d’Amadou. Je crie pour le prévenir que c’est le moment de dégainer son appareil photo. Il se lance dans un sprint d’une cinquantaine de mètres pour avoir le temps de de m’ajuster. Clic, c’est dans la boîte.

jahom_amadou

Les choses sérieuses vont pouvoir commencer : près de 7 kilomètres sur les quais de Seine. Un enchainement de tunnels assassins dans un décor prestigieux. On en ressort rarement indemne. C’est précisément le moment où mon tendon d’achille me rappelle à la réalité. La belle balade prend une nouvelle tournure, entre inquiétude et volonté de terminer coûte que coûte. Je fais fi des premiers picotements. La présence de Salvio au 24ème kilomètre me fait plaisir.

Le passage sous le tunnel des tuileries, les toboggans habituels, le traditionnel salut à la tour Eiffel, c’est déjà (sic) l’heure de passer au 30ème kilomètre (2h13’50 vs 2h07’24 en 2013 ). L’allure a faibli, mais rien de catastrophique. Je reçois une nouvelle salve d’encouragements d’Emmanuel au niveau de l’animation Isostar plantée près de la maison de la radio. Je ne m’attendais pas à le trouver là. Du coup, pour fêter ça, je me délecte d’un gel énergétique du nouveau partenaire officiel du marathon de Paris. Un apport d’énergie nécessaire avant l’ascension qui nous mène vers Roland Garros au 33ème kilomètre.

C’est étonnant à quel point je peux haïr cet endroit lorsque j’y passe en courant début avril puis l’adorer lorsque j’y reviens en spectateur à la fin du mois de mai. Il reste moins de 10 kilomètres mais il reste aussi le bois de Boulogne. Après le 35ème kilomètre les picotements sont devenus des coups de canif.
Je dois me résoudre à alterner marche et course. Ce qui permet à Julien de me rejoindre vers le 37ème kilomètre. Sans qu’il s’en aperçoive je lui emboite le pas sur quelques dizaines de mètres avant de lui taper sur l’épaule et de devoir le laisser filer. Difficile dans ces conditions de prendre du plaisir. Toutes mes pensées se dirigent vers la ligne d’arrivée.

Je me rappelle aussi que c’est le jour de Paris Roubaix. Pour la simple et bonne raison que je m’attends à recevoir les ultimes encouragements de la course peu après le 40ème kilomètre, à l’endroit même où j’ai pris cette photo de Kenenisa Bekele l’an dernier. Ceux de Florent qui a terminé 7ème dans l’enfer du nord il y a 10 ans. Hors de question de passer en marchant devant ce champion et c’est presque en rigolant que je lui annonce que je suis « en train de flinguer mon tendon ».

mdp2015_2

Les derniers hectomètres du marathon de Paris doivent se savourer, même si on déguste (!). C’est donc avec les capteurs d’émotion grand ouverts que je traverse fièrement la place Dauphine et remonte au sprint (à 13 km/h !) un morceau de l’avenue Foch. Le public présent en masse, la voix de Marc Maury qui résonne dans la sono, le tapis vert et l’immense portique d’arrivée rendent les 200 derniers mètres magiques !
J’arrête machinalement ma montre (3h17’04), réalise aussitôt la ligne passée que j’ai vraiment mal au tendon et que les prochains jours seront difficiles mais peu importe, je viens de boucler mon 4ème marathon, le 3ème à Paris.

diplome_marathon_2015Je retrouve Julien qui est arrivé depuis environ 2 minutes et qui prend une belle revanche sur l’éco-trail. Nous refaisons la course difficile que nous venons de vivre et nous accordons à penser que le marathon reste une épreuve à part !

jahom_mangeur

Je tiens à avoir une pensée pour mon ami Pierre qui a dû jeter l’éponge peu avant le 30ème kilomètre après un début de course prometteur. Il reviendra encore plus fort.

Crédit photo km23 : Pictures Running Amadou

 

 

 

26 réflexions sur “Marathon de Paris 2015, et un et deux et trois !

  1. Le temps est fort raisonnable !

    Mon 1er marathon (Metz) j’en avais jeté un mot dans un article passé, je l’avais terminé en 2h59.
    Je ne suis pas près d’en refaire un; je me suis inscrit dans un club… Et je veux me concentrer sur les 10km et semi (et cross en hiver).

    J’avais couru ce 1er marathon avec les sayonara de Mizuno (j’avais un bon feeling avec mais elles sont hyper fragile).

    Maintenant je suis passé chez adidas boston boost le même modèle (bleu) que les tienne un peu trop grande 43 1/3, j’aurai dû opter pour les 42 2/3.

    Quel est ton ressenti (confort) pour le marathon et le semi ?

    J’ai un semi qui m’attend en octobre prochain et j’hésite de reprendre une paire de sayonara (malgré leur fragilité) ou de rester chez Adidas avec le model boston.

    1. Salut Sam,

      Merci pour ton commentaire. Selon moi, pour des marathoniens de notre niveau la Boston Boost est quasiment la chaussure idéale. En 2013 j’ai couru le MDP en adios sans problème. Le mois dernier j’ai battu mon record sur semi avec la Boston. Je trouve cette chaussure très polyvalente :

      https://jahom.wordpress.com/2014/11/26/adidas-adizero-boston-5-larme-fatale/

      J’avais aussi beaucoup aimé la première version de la Sayonara. Je ne me souviens pas les avoir trouvées fragiles

      https://jahom.wordpress.com/2013/08/23/mizuno-wave-sayonara-la-chaussure-des-samourais/

    1. C’était donc toi qui m’a encouragé par mon prénom. J’étais surpris parce qu’il n’était pas inscrit sur mon dossard. Rappelle moi où c’était exactement, j’ai la mémoire qui défaille :)

      Merci en tout cas. Vraiment.

      1. Au milieu de 34ième, juste après le ravito, sur la gauche de la route.
        J’ai commencé par un « aller Jahom » suivi d’un « aller philippe ».

        Surpris de t’avoir vu, je t’aurais volontiers accompagné quelques mètres si l’émotion du Fanboy qui voit sa barbe préférée n’avait pas pris le dessus. :o)

  2. Tu as fait un chrono honorable dans les circonstances . Il est certain qu’un ultra-trail de 80 km doit laisser des traces. Bravo.

  3. @François @ Philippe

    C’est clair, c’est ce que j’avais pensé hier après avoir posté mon 1er com.
    L’eco de 80km à dû laisser des traces. C’est clair que si il y aurai eu juste une prepa specifique pour le marathon (avec un juste un semi placé entre la prepa) tu aurais fait largement 2h58 – 3h ;-)

    L’anné prochaine peut-être ?

    @phillipe

    À priori on chausse la même taille, les sayonara tu les portes 42.
    Donc j’ai bien la confirmation que les boston j’aurai dû les prendre en 42 2/3 et non en 43 1/3 :-( J’ai un peu trop d’espace à l’avant et mon pied est pas stabilisé…

    Tu as pas eu de problème au orteils (ongle) ?

    1. Je n’ai plus ma paire de sayonara et je ne me souviens plus de leur pointure :)

      Aucun problème à déplorer avec les Boston. Mais de manière générale je n’ai pas de soucis avec mes orteils hormis sur du long. J’ai un pied fin et adidas a la réputation de produire des chaussures étroites qui me conviennent bien.

  4. Bravo Philippe pour ta performance: finir le marathon dans les eaux que tu t’étais fixé malgré tes douleurs, sans préparation spécifique à cette épreuve et après l’Ecotrail de Paris.

    1. Merci ! Pour être tout à fait franc je suis déçu par le chrono mais je n’ai évidemment rien à me reprocher en dehors de ce début de course un peu rapide.

      Après l’éco trail j’ai mis mon tendon au repos pour 10 jours, j’ai vu l’ostéo qui m’a remis d’aplomb au niveau du bassin et j’ai fait 2 séances de 45′ avec un peu de rythme quelques jours avant le marathon. ça fait léger comme préparation spécifique :)

      Encore merci

  5. Bravo Philippe.
    Je te souhaite de réussir à franchir cette barre des 3h.
    Comme tu dis, le marathon c’est vraiment à part, on a beau être préparé, avoir fait des courses avant, des trails, ces foutus 42 bornes faut les mériter. Le pire, c’est qu’on se dit que c’est trop, trop dur, trop de sacrifices … et puis on veut y revenir.
    Bon, vous avez gagné, il est où mon calendrier ? ;)

    1. Merci. Je n’ai aucune idée de quand je m’alignerai à nouveau sur cette distance. Si je dois faire 3 heures un jour tant mieux mais ce n’est plus une obsession.

  6. Bravo Philou! T’as assurée! En plus, aller jusqu’au bout avec ce foutu tendon, c’est un bel exploit! Et surtout après ce que tu as fait à l’Ecotrail 3 semaines auparavant! Un grand BRA-VO!!
    Un seul regret, n’avoir pu être là pour t’encourager…

J'ai un truc à dire !