Éco-Trail de Paris 2015, sous les 8h !

Il y a trois ans, en 2012, j’ai couru ma première « course un peu longue » à l’occasion de l’Éco-Trail de Paris, séduit par une arrivée au premier étage de la Tour Effeil. En 2013 et 2014, des travaux ont empêché l’organisation de faire grimper aux finishers de la course les 350 et quelques marches qui mènent à la plateforme de ce premier étage. Hors de question alors de prendre part à cette épreuve. Cette année, avec le retour de cette ligne d’arrivée prestigieuse, j’ai décidé de participer à nouveau à cette belle balade parisienne décriée par certains.

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Persuadé de pouvoir faire beaucoup mieux avec les progrès accomplis depuis trois ans et motivé par les participations de Greg et Julien que j’ai toujours estimés un léger ton au-dessus de moi sur du long, j’ai consciencieusement passé le début de l’année à accumuler les kilomètres, sans plan de préparation particulier, on ne se refait pas ! Une prom’classic, un maxicross,un semi-marathon de Paris et quelques reconnaissances plus tard, j’avais validé ma pointe de vitesse, ma relative aisance dans la boue et ma facilité grandissante dans les descentes. J’étais prêt !
Malheureusement, à une semaine de l’échéance, la machine se grippe (sic). Je passe le week-end au fond de mon lit et les jours qui suivent à cracher mes poumons dès le moindre escalier venu. J’ai le moral au fond des chaussettes. Le compte à rebours est lancé, je le vois défiler un peu vite à mon goût. À j-2 je suis toujours inquiet mais je sais que je serai au départ, la huitième édition de l’éco-trail de Paris ne partira pas sans moi !

Au programme de la course, 78 kilomètres et environ 1500 mètres de dénivelé positif qui font sourire en coin plus d’un traileur habitué des contrées montagneuses. Oui mais voilà les côtes, courtes mais nombreuses rendent le parcours usant. Les 22 premiers kilomètres très roulants incitent souvent à partir trop vite et les 10 derniers, le long de la Seine en milieu urbain n’ont rien de très glamour. Peu importe, j’aime cette course et j’ai envie de la réussir.

Samedi, à moins d’une heure du départ de la course prévu à 12 heures, la petite troupe est réunie. Le plafond est très bas, la température aussi qui flirte avec les 5°C. J’ai hérité du dossard n°26. Il va falloir être à la hauteur !

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5..4..3..2..1…Go. Un peu moins de 2000 coureurs s’élancent à l’assaut de la tour Eiffel au beau milieu d’un pré piégeux pour les chevilles. Rapidement je prends les devants avec Greg et malgré mes efforts pour serrer le frein à mains, je me retrouve seul devant au bout de quelques kilomètres. Je surveille le cardio, je suis bien et décide de continuer à une allure qui me convient.
C’est ainsi que je me présente à Buc en moins de 2 heures, au premier ravitaillement, après environ 23 kilomètres course, à la 287ème place. Je remplis rapidement le bidon que j’ai vidé et je repars aussitôt. Pas de Greg, pas de Julien. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer ! 35 kilomètres de courtes montées, brèves descentes, relances sur le plat. J’aborde les premières difficultés très serein sans forcer, anticipant le retour de Greg et Julien.
Je reviens sur deux féminines classées 6ème et 7ème à cet instant et qui filent bon train. Je les accompagne un moment. Greg finit enfin par me rejoindre, a priori avant le trentième kilomètre de course, en pleine descente. Nous sommes aussi ravis l’un que l’autre de ces retrouvailles. Nous allons pouvoir allier nos forces pour aller le plus loin possible à deux !

25397270 Nous sommes à peine à la mi course et les cuisses sont déjà bien dures. Montée après montée, descente après descente, les muscles se contractent et rendent l’effort un peu plus pénible avec le temps. L’entente est parfaite et nous gérons sans avoir trop besoin d’en débattre les phases de marche dans les montées et le moment opportun des relances sur le plat.

Nous atteignons enfin le point d’eau de l’observatoire de Meudon au 46ème kilomètre après 4h18 de course, pas loin de la 150ème place. L’organisation contrôle le sac de Greg. Quelques minutes de pause et nous repartons avec un bon mal de jambes tous les deux. Pas question pour autant de baisser le rythme, en route vers le ravitaillement de Chaville !

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Onze kilomètres qui paraissent une éternité mais j’aime bien cette portion du parcours, que nous gérons bien. Nous avons besoin d’à peine plus d’une heure pour couvrir ces 11 kilomètres et 220 mètres de dénivelé positif. Lorsque nous arrivons dans l’aire de ravitaillement de Chaville, nous faisons notre entrée dans le top 150. La soupe aux vermicelles fait office de récompense réconfortante à tous les efforts consentis jusqu’ici. Je la savoure avec attention !

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La sortie du ravitaillement est douloureuse pour les muscles de mes cuisses et il me faut plusieurs centaines de mètres pour que ma foulée retrouve un semblant de souplesse.
Quelques kilomètres plus loin nous voyons surgir Bastien sur son vélo. Il a couru les foulées du Tertre en début d’après-midi avant de venir nous rejoindre sur le parcours. Après 6 heures de course, ses encouragements sont précieux !
Nous faisons un petit bout de chemin ensemble avant qu’il ne file au ravitaillement de Saint-Cloud, le dernier de la course, situé à moins de 10 kilomètres de l’arrivée.

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Les kilomètres ne défilent pas aussi vite que nous le souhaiterions. Nous faisons régulièrement le point sur notre état de fatigue respectif. Je commence à croire qu’une arrivée commune est envisageable et je n’ai de toute façon pas l’intention d’abandonner Greg s’il venait à défaillir. Je crois qu’il en ferait tout autant. Nous pénétrons dans le parc de Saint-Cloud que je connais mal. Greg, qui vient souvent s’entrainer dans le coin me fait la visite guidée. Le temps passe ainsi un peu plus vite. Avec près de 68 kilomètres dans les jambes nous évoluons à 11km/h et même plus lorsque la voix de Bastien résonne devant nous, nous indiquant que le ravitaillement est tout proche !

Cinq minutes d’arrêt ! Bastien nous donne quelques informations sur la course. Nous avalons une nouvelle soupe. Je jette un oeil à ma montre et comprends que nous avons les moyens de terminer en moins de 8 heures ! Nous avons environ 1h10 pour rejoindre la tour Eiffel qui scintille au loin. Pas de temps à perdre, nous nous élançons dans la descente qui nous ramène sur les quais de Seine.

Il reste 9 kilomètres de bitume, de trottoirs, d’escaliers. Pas question de lâcher maintenant, je serre les dents. Notre vitesse oscille entre 10 et 11 km/h. Impossible d’aller plus vite. Bastien nous a rejoint et nous accompagne à vélo

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Nous traversons l’île Saint-Germain. La nuit est tombée depuis quelques minutes mais nous n’avons pas besoin de sortir nos lampes frontales. L’éclairage urbain nous permet d’évoluer en toute sécurité. Nous passons sous le boulevard périphérique, entrons dans Paris et longeons le RER sur les quais. Nous remontons sur le pont de Grenelle pour traverser l’île aux cygnes. Il reste alors moins d’un kilomètre.

qJe commence à savourer ! Maya nous flashe dans l’escalier qui nous remonte au pied de la tour Eiffel qui se dresse devant nous, majestueuse dans la nuit. J’ai rarement été aussi heureux de la voir.
Nous nous frayons un passage à travers les touristes pour rejoindre l’escalier qui doit nous mener jusqu’au tapis rouge de l’arrivée. Nous récupérons un ticket, nos sacs sont sommairement fouillés, nous sommes pressés d’en finir. Greg a encore des fourmis dans les jambes et avale les marches deux à deux. Nous doublons trois ou quatre coureurs, je ne sais plus trop.

25384617 Nous franchissons la ligne main dans la main et tombons dans les bras l’un de l’autre après 7h51 d’efforts. Nous sommes 133ème et 134ème de la course, ou l’inverse, peu importe, l’essentiel est ailleurs. Depuis près de cinq ans que je partage les lignes de départ avec Greg, j’attendais ce moment où nous pourrions partager une arrivée et nous n’avons pas choisi la plus anodine ! Julien déboule à peine cinq minutes derrière après un énorme finish, le trio est reconstitué !

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>> La course vécue par Greg

Rubrique matos :

Un cuissard trail compressport toujours aussi efficace
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Une paire de Hoka One One Challenger ATR qui m’ont bluffé
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21 réflexions sur “Éco-Trail de Paris 2015, sous les 8h !

  1. Heureusement que tu étais là, car je ne suis pas sûr que je serai arrivé avant 20h. En tout cas, cette course a été super sympa de courir à tes côtés! Ravi d’avoir franchi la ligne avec toi! Notre arrivée est digne de celle de Sylvaine accueillie par Manu!! ;-)

  2. BRAVO TOTAL RESPECT, vous avez étés vraiment énormes en tenant une telle moyenne de bout en bout.
    J’espère revenir un jour avec une meilleure préparation mais le final quel régal, j’imagine bien votre sentiment d’arrivée!

  3. Bravo vous avez assuré !!! C’était vraiment très sympa de suivre votre progression commune.
    On se rends bien compte de la difficulté quand tu dis ne pas pouvoir dépasser les 11km/h…

  4. BRAVO ! 😃
    Merci pour ce récit détaillé et ce dénouement collectif, c’est une très belle histoire que vous avez écrite , une de celles dont on se souviens longtemps et qui donne envie d’en écrire d’autres 😉
    Bonne récupération !

  5. Super récit, dégainé encore un fois aussi vite que la course a été pliée !
    J’aime bien ce rythme donné par les images et les paragraphes. On s’y croirait. Elle est passée tellement vite cette course !
    Entre la confiance ramollie par le virus et le départ rapide, tu m’as fait un peu peur. Mais tu as bel et bien effacé les dernières mauvaises expériences et tu m’as presque bluffé !
    Tu as été solide sur les jambes et dans la tête.
    Bravo !

  6. Bravo Philippe, j’ai presqu’envie de le courir ce fameux 80 km. Vous vous êtes bien soutenus l’un et l’autre avec Greg, c’était une vraie course d’équipe improvisée !
    Tes photos sont toujours aussi sympas.

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