Je suis venu, j’ai couru, j’ai vaincu

Ou comment une course pas du tout prévue au programme de ce début d’année devient l’occasion rêvée de pulvériser son record sur semi-marathon sans pour autant se prendre pour César.

Je garderai à vie un regard particulier sur le semi-marathon de Paris. Je n’en ai d’ailleurs couru aucun autre à l’heure où j’écris ces lignes.

J’y ai fait mes débuts en 2009 en y participant pour la première fois, très impressionné par l’événement, à l’occasion de ce qui était tout simplement ma première course en « compétition ». J’avais à l’époque écrit un compte rendu pour Esprit Running que je rapatriais un an et demi plus tard sur ce blog à son ouverture.

J’y suis revenu hier grâce à Wanarun pour réaliser vingt minutes de moins qu’il y a deux ans, sur un nouveau parcours que je pensais plus favorable. Mais en voyant les chronos réalisés par les champions africains que j’imaginais capables de passer sous les soixante minutes dans des conditions presque idéales, j’ai revu mon jugement.

Il est très tôt pour un dimanche matin lorsque je rejoins Salvio sur la place de la Bastille, totalement déserte. Difficile de s’imaginer alors que moins de trois heures plus tard elle sera noire de monde pour le passage à deux reprises de 24000 coureurs.

Bastille-Château de Vincennes, un voyage dans le temps, d’une prison révolutionnaire à l’autre.

Une demi-douzaine de stations de métro sépare ces deux lieux chargés d’Histoire. Ce matin là Salvio et moi avons la ferme intention d’écrire une page de la nôtre. Notre ambition commune sur ce semi-marathon et notre niveau de forme similaire font de nous des alliés de choix. La France et l’Italie unies vers un même objectif. Mais assez de grandes phrases et place aux faits !

24000 coureurs au départ

L’avant course est toujours un moment délicat à gérer, tant d’un point de vue purement pratique que mental. Cette année, pas de vestiaires au parc floral, mais une simple consigne qui permet juste de déposer son sac. Cette nouveauté fait partie des dispositions prises par ASO pour fluidifier le flux de coureurs avant le départ et éviter qu’ils ne s’entassent au chaud jusqu’au dernier moment. On entend quelques concurrents, surpris par cette mesure inédite, râler mais tout se passe bien. Salvio et moi entrons finalement dans notre sas rouge une bonne trentaine de minutes avant le départ. Aucune fausse note jusqu’alors. La température est fraiche et le soleil, qui tarde à s’élever, peine à nous envoyer les rayons qui nous réchaufferaient. Je trouve le temps long, comme à chaque fois dans ce genre de situation, mais l’ambiance est détendue même si Kate Perry me broie le canal auditif gauche depuis une enceinte sonore un peu trop proche et puissante. Une dernière occasion de parler stratégie de course et nous voilà à quelques minutes du départ.

Comme prévu ça part vite, mais trop et ça bouscule un peu, mais pas trop. Pourtant, dès le premier kilomètre, je trouve le moyen d’interpeller un coureur qui m’a doublé de façon peu cavalière en usant de son épaule. Quelques échanges de mots sans nom d’oiseau plus tard, les esprits sont déjà apaisés. Pas question de perdre sa concentration bêtement, d’autant plus que même si Salvio le trouve un peu élevé, nous trouvons d’emblée le bon rythme. La régularité de nos temps de passage aux 5,10,15 kilomètres sera d’ailleurs exemplaire !

Une horloge suisse...

Un peu plus de sept kilomètres sont parcourus dans le bois de Vincennes avant de franchir une première fois le boulevard périphérique et de dévaler la rue de Charenton. Nous savons très bien qu’une fois arrivés en bas de la descente surgira, après un virage à droite, la montée de la rue Taine, première difficulté de la course. Salvio décide de prendre le relais et effectue une montée parfaite, sans puiser dans les réserves. La perte de temps est minime à l’orée du passage au dizième kilomètre et à l’approche de la place de la Bastille. Nous faisons très régulièrement un point sur l’avancement de la course en surveillant de très prêt nos Garmin et à mi course nous constatons que nous sommes en avance sur l’objectif, ce qui est très rassurant pour l’issue finale.

C’est au second passage par Bastille que la fatigue commence à se faire sentir. A cet instant, le jeu consiste à ne surtout pas ralentir, mais il n’est pas non plus temps d’accélérer si l’on veut passer correctement la légère montée de Montgallet, seconde difficulté du parcours à environ trois kilomètres de l’arrivée. Je décide d’ailleurs de prendre les choses en main dans ce passage délicat en maintenant un bon train jusqu’à la place Dausmenil. Je profite même de la descente qui s’ensuit pour gommer les quelques secondes perdues, et en arrivant porte Dorée commence déjà le long sprint vers l’arrivée. Salvio y perdra quelques secondes.

Les dernières centaines de mètres en léger faux plat descendants offrent l’opportunité de prendre de la vitesse et de couper la ligne à plus de 16km/h avec un œil fixé sur le chronomètre officiel qui domine la large avenue Daumesnil et affiche moins d’1h30 ! Mission brillamment accomplie.

L’après course est comme prévu le théâtre des retrouvailles désormais rituelles de la runnosphère, sous un franc soleil. La saine émulation qui s’est installée depuis quelques mois dans notre groupe n’est certainement pas étrangère aux performances réalisées. Chacun a rempli son objectif, qu’il soit d’1h30 ou de 2 heures.

Maya, Noostromo, Greg, Salvio, Jahom et Djailla face à l'objectif de Clara

Je laisse d’ailleurs la parole à Shuseth, Mathes, Maya, Noostromo, Greg, Salvio et Djailla pour qu’ils vous racontent à leur tour la course qu’ils ont vécue ce dimanche 6 mars 2011. Tandis que Clara nous raconte à merveille le rôle de supportrice modèle qu’elle a joué en attendant son tour de fouler le bitume.

Pour les puristes...

31 réflexions sur “Je suis venu, j’ai couru, j’ai vaincu

  1. Bravo ! très belle course, très belle performance !
    J’aurai bien aimé être avec vous mais la forme du moment me le permettait pas… et le planning de course ne permettait pas ça… mais j’ai bien hâte de recourir avec toi ;)

  2. Belle course, c’est chouette de l’avoir vécue ensemble avec Salvio. Félicitation pour ton chrono, 20′ de moins en un an, cela me donne à espérer ;-)

  3. Impressionnant les mecs, 3 membres de la runnosphère sous les 1h30, vous inscrivez vos titres de noblesse dans cette course :)

    Moi avec mon tranquille 2h, j’ai apprécié la course de façon complètement differente, mais tout autant agréable !

  4. @franck Merci, j’imagine aisément qu’on aura plein d’autres occasions !

    @offrun exactement, l’en-trai-ne-ment :-)

    @david la fameuse montée de montgallet qui me coute ce 4’21 » … tant pis…

    @seb en 2 ans ! l’année dernière à cette époque je flippais avec mon genou en vrac en attendant le marathon…

    @shuseth merci, c’est vrai que j’ai été surpris en découvrant ces temps de passage si proches !

    @djailla à ton tour de nous bluffer sur l’eco trail :)

    @clara j’aurais du signaler que Salvio t’avais repéré en remontant sur Bastille, toujours fidèle au poste !

    @laquathus des têtes célèbres sont tombées à la bastille ! Et Vincennes a du voir passer quelques rois ?! il faut que je révise mon histoire…

  5. tu n’aurais pas des origines suisses ? quelle régularité !!! (en dehors des bosses du parcours)

    Je suis content que tu ais atteint ton objectif…

  6. Belle régularité et belle allure pour une course où le nombre de participants était somme toute élevé, tu aurais surement pu grapiller 1 voire 2 minutes !!
    Félicitations !! Moins d’1h30 au semi, cela me laisse rêveur !!

  7. Avec ton billet je ne sais pas plus que écrire pour le mien car nous avons fait la course ensemble jusqu’au dernier kilomètre; de tout façon j’ai apprécie tes mots pour l’alliance Franco-Italien sur l’objective ;) Je te dis bravo car tu as maintenu le ritme pendant tout la compétition (j’ai été 90% du temps arrière toi). Je pense que tu as la forme pour faire aussi mieux que 1h29!

  8. @doune bonne remarque comme d’hab ! j’aurais pu passer les bosses un peu plus en force mais rien ne dit que ça n’aurait pas été préjudiciable pour le reste de la course

    @maya du rêve à la réalité il y a assez peu de différence en l’occurrence, crois moi

    @salvio j’ai fini assez frais et je suis étonnamment en forme depuis ce matin. ça prouve peut être que j’avais encore un peu de marge de manoeuvre mais je ne regrette pas un seul instant la course qu’on a réalisée. Et tu vas me faire le plaisir de nous écrire un truc !

  9. Respect…. Comme quoi cette performance t’attendais, le dossard, ton entrainement …. Merci pour ce récit qui me permet de vivre un peu cette course que je regrette de ne pas avoir pu partager avec vous …

  10. Bravo belle course super régulière ! Mais je voudrais juste rappeler que nous sommes 4 membres runnosphere sous les 1h30 !
    Désolé mais j’ai quelque fois l’impression qu’on m’oublie…

    1. ben non ! t’as bien vu, j’ai glissé ton nom en attendant le lien vers ton récit ! Quand noostromo nous a annoncé ton temps on était bien content pour toi ! Sauf que Djailla avait déjà quitté le petit groupe. J’ai laissé passer son commentaire sans relever l’oubli. mea culpa ;-)

      1. C’est pas méchant et je le comprend… Nous sommes un peu les inconnus de la runnosphere !!! Mais svp pensez un peu a nous les expatriés ;) on fait des efforts pour venir sur Paris mais c’est pas facile…

  11. Un joli récit, et un résultat plus que remarquable sous les 1h30.
    ça doit être quelque chose de courir avec plus de 24000 autres passionnés!
    Bonne récup.

  12. Félicitations Jahom ! Le mieux que j’aie pu faire en une dizaines de semis, c’est 1h37, alors ta course sous 1h30, ça m’impressionne vraiment ! Petite info, tu cours combien de km par semaine pour réussir cette performance ?

    1. Merci ! Depuis le début de l’année je dois tourner entre 25 et 45 km par semaine répartis en 3 sorties, peut être 4 parfois. Je ne suis pas de plan particulier. Rien d’extraordinaire donc.

  13. Bravo pour ce semi en moins d’1h30 ! Bien géré, objectif atteint et en duo avec Salvio, en plus tu ne sembles pas avoir beaucoup souffert. Bonne récup et bonne prépa pour le prochain.

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