Au début de l’année, alors que la Runnosphère cherchait une course pour réunir ses troupes éparpillées entre Paris et certaines provinces, aller participer à The Trail Yonne tombait presque sous le sens. Pas tout à fait équidistante de toutes les forces vives de la communauté mais finalement facilement accessible pour tous ceux qui avaient décidé de s’engager, en majorité des parisiens. Une épreuve jeune, en devenir, avec des distances variées au programme, du 18 kilomètres pour les plus prudents au 110 bornes pour les ultra traileurs les plus téméraires.
A titre personnel, j’ai jeté mon dévolu sur l’épreuve de 35 kilomètres et de 800 mètres de dénivelé positif pour caresser ma forme actuelle dans le sens du poil, espérant ainsi combiner vitesse et endurance dans le même effort.
La seule contrariété repérée avant de descendre sur Sens se situe au niveau du règlement et en particulier du matériel obligatoire à emporter en course. Je sais que moins de 3h30 seront nécessaires pour boucler un parcours jalonné de 3 ravitaillements. Le départ de la course est prévu à 16 heures. Malgré ces informations, il nous est imposé d’embarquer 1 litre de boisson, une lampe frontale avec des piles de rechange et des réflecteurs sur le sac à dos. Pour me venger face à des règles qui à mon sens en ont peu, je décide de courir en chaussures minimalistes de route. Les altra the one, zéro drop et 18 millimètres d’amorti pour un poids d’à peine 200 grammes. Je n’ai pas regretté une seule seconde mon choix qui aurait pu paraitre établi en dépit du bon sens.
A 15 heures les héros du jour sont lâchés dans les rues de Sens. Entendez par là les concurrents du 110 kilomètres. Ils sont accompagnés des coureurs du 63 et du 85 kilomètres. Parmi ces derniers, Greg, venu chercher une revanche et quelques points UTMB.
Une heure plus tard, c’est au tour de tous les autres de s’élancer à l’assaut des collines de l’Yonne dans une rue à sens unique pour l’occasion. Je pars vite, c’est volontaire. Mes compagnons de la Runnosphère décramponnent malheureusement assez tôt. La première bosse intervient rapidement, après quelques hectomètres de bitume. Je trouve mon rythme de « croisière » assez facilement. Il est soutenu et j’ai peur de le payer trop tôt dans la course, mais c’est le jeu. Je ne laisse pas la machine s’emballer dans la première descente très raide et je marche dès que la pente s’accentue. Je profite des portions planes et du bitume pour relancer, souvent entre 13 et 14 km/h. Je me retrouve très vite seul, ce qui permet de choisir la meilleure trajectoire.
Je reviens doucement sur 2 concurrents qui me précèdent mais ils bifurquent à gauche quand je pars à droite, ce sont des coureurs engagés sur la course de 18 kilomètres. Je double le serre-file des courses plus longues et quelques concurrents partis une heure avant. Il m’annonce en 11ème position. Je suis surpris et décide dès lors de gérer ma course en fonction de ce classement virtuel. D’autant plus que ma montre donne quelques signes de faiblesse avant de me lâcher définitivement à plus de 10 kilomètres de l’arrivée. Je t’aimais bien pauvre Garmin ForeRunner 405. Tu m’as rendu de fiers services ces dernières années ! Je stoppe quelques dizaines de secondes au milieu de nulle part pour une pause technique avant de repartir dans le sens de la course. Personne devant, personne derrière.
Les kilomètres défilent mais je ne sais pas où j’en suis. Je me fais passer par un coureur qui a l’air bien et qui prend rapidement quelques dizaines de mètres d’avance. J’en double deux, à l’arrêt, aux prises avec des crampes. Un autre me dépasse que je ne peux pas suivre. Je redouble le premier cité aux abords du dernier ravitaillement puis revient sur le dernier à m’avoir dépassé, pour partager avec lui le dernier sentier qui grimpe violemment ! Dans ma tête le classement est sens dessus dessous. Peu importe il reste moins de cinq kilomètres, l’heure n’est plus aux calculs d’apothicaire !
Je souffre de débuts de crampe aux mollets et ne peux suivre mon compagnon de route dans la dernière descente très raide qui nous ramène sur Sens par la route empruntée à l’aller. Je jette mes dernières forces dans la bataille mais j’ai déjà perdu une bonne vingtaine de secondes. Derrière moi le trou est fait. Les places ne bougeront plus. Un dernier effort et j’aperçois mes amis de la Runnosphère derrière l’arche d’arrivée. Je suis heureux. C’était dur mais que c’était bon !
J’ai à peine franchi la ligne que Harry, notre speaker préféré, me tend son micro pour recueillir mes impressions sur la course, me demander comment un parisien se prépare au trail. Et lorsqu’on me demande si l’Yonne est une région plate, je me contente de répondre d’un signe de tête qui en dit long sur le sens de ma pensée.
crédits photos : Maya
12 fois…. joli ;)
et belle course !
Ouais. On se serait encore plus amusé si on avait été plus nombreux :)
Hahaha j’adore ton ultime illustration ! Je suis contente de te lire, après une longue ab-SENS non ?
mais non AL, altra, pas sense !
Je publie régulièrement je crois mais je ne suis pas toujours très inspiré
Belle perf´ bon par contre il faudra penser aux fusées de détresse pour la prochaine fois dans le matériel obligatoire.
Voire à la carabine en cas d’attaque par des sangliers !
Joli top10 sans stress !
(mince, çà marche pas là…)
Hahahahaha j’adooooooore cet article qui ne manque pas de SENS ;-) Et très jolie illustration gif !!!!^^
Super performance, top 10 au général et un podium en catégorie! Content d’avoir partager tous ces moments avant et après course avec la famille Runnosphère. Mention spéciale pour le gif que j’adore!
Merci Mathieu. C’était sympa de t’avoir avec nous dimanche !
Tu signes le retour du Gif animé et nous gratifies d’une superbe course ! Bravo!
Merci PhilRun !
Bravo pour ta course ainsi que pour ce récit.
Merci !