Eloge de la lenteur en course à pied

Je viens tout juste de franchir le cap des trois années de pratique de course à pied. J’entends par là qu’en trois ans je me suis progressivement investi dans ce sport en intensifiant considérablement mon intérêt pour lui. Auparavant deux ou trois footings mensuels tout au plus complétaient pour la forme mes parties de tennis encore assez fréquentes. Je me suis intéressé assez tardivement aux best practices.

A mes débuts, l’ignorant que j’étais dans ce domaine pensait comme tout un chacun que pour progresser il suffisait de faire endurer à son corps des séances de plus en plus dures pour l’habituer à souffrir en silence et ainsi devenir plus fort. Je me suis heureusement rendu compte assez vite de l’absurdité d’une telle idée et j’ai compris qu’il n’y aurait pas de progression sur le long terme si je n’introduisais pas un minimum de structuration dans mes entraînements (qui a dit plan ?). 

Seulement voilà, si aujourd’hui je travaille naturellement sur la qualité de mes séances, que j’ai saisi tout l’enjeu de la récupération qui fait partie intégrante de l’entraînement, que j’essaie d’être beaucoup plus à l’écoute de mon corps, j’ai toujours énormément de mal à m’infliger des séances de footings dits lents. Je m’étais pourtant promis lorsque j’ai repris au début du dernier mois de décembre, suite à ma coupure salvatrice et régénératrice de quatre semaines, que j’allais enfin réduire drastiquement les allures de mes footings, en tournant plutôt en 5’10’’ voire plus, qu’en 4’50’’. J’en avais même fait mon unique bonne résolution pour 2012. Force est de constater que je n’ai même pas commencé à la tenir. Pourtant je le sais plus que bien, ce type de footings durant lesquels ‘’les jambes tournent’’ sont propices à la récupération et ses bienfaits sont très loin d’être négligeables. Je m’en suis encore rendu compte à l’occasion d’une séance effectuée hier soir avec des coureurs plus forts et plus expérimentés que moi. Je tiens pourtant une explication assez logique à mes échecs réitérés de footings de récupération. Elle réside dans le défoulement potentiel que me procure la course à pied. Bien souvent d’ailleurs je pars en début de séance sur l’allure correcte sans pouvoir m’empêcher trop rapidement d’accélérer, à la recherche de cette divine sensation de vitesse et de dépense physique.

Courir lentement n’est pas si simple ! Mais courir à la catastrophe dans ces conditions l’est beaucoup plus. Et dans une moindre mesure je serais tenté de faire la relation entre mon manque de travail en endurance fondamentale et le temps établi sur mon dernier marathon, qui n’est pas tout à fait en phase avec mes performances sur les distances intermédiaires.

J’espère que cette petite réflexion à voix haute me permettra d’accepter de modifier cette vilaine habitude qui me poursuit depuis mes débuts. Voilà au moins un axe de progression qui semble à ma portée !

20 réflexions sur “Eloge de la lenteur en course à pied

  1. Les années de course à pied nous font acquérir cette sagesse. Quand je fais un jogging de récupération à 1 minute plus lent que mon pace marathon, je sens aussi m’être défoulé. C’est une quesion d’attitude.

  2. On va plutôt faire du footing de récup le mardi, enfin, moi en VMA et toi en footing :-) Promis, je ne serrai pas trop le collier ^^
    Je partage complètement (à mon allure) le côté défouloir et frustrant de courir moins vite que ce que voudrait me porter mes guiboles mais je dois dire que les 20km de Paris en 2h15 en accompagnant madame sont l’un de mes meilleurs souvenirs de course et mon « pire » chrono de ma maigre carrière. Comme quoi…

  3. C’est pas en 5’10 » que tu dois faire tes séances d’assimilation, mais plutôt entre 5’30 » et 6’00″… Courir lentement s’apprend et fait partie de la maîtrise de ce sport.
    D’ailleurs les Kenyans savent très bien trotter à 6’00 » au kilo voire moins vite…

  4. Pour de défouler essaie. 45mn à 5’30 au kilo. Puis tu terminé par 6à 8 lignes.droites à 105/100. Tu auras fait ta séance lente et tu te seras défoulé.

  5. Pas évident pour une Formule 1 de rouler en seconde !! ;-)
    Rapide ou lent, il faut rester concentré afin de conserver l’allure adéquate ! Et savoir courir lentement est la 1° étape pour se tourner vers du long… qui sait ? ;-)

  6. C’est vrai que c’est un exercice bien difficile de courir en deçà de ses habitudes. Moi qui suis haut en FC, je cherche aussi à ralentir mon allure et j’ai du mal a m’y tenir. Il faut dire que le rythme que je m’inflige alors est très lent…
    Alors en conclusion on peut dire à tout un chacun : « si tu veux courir vite, apprends aussi à courir lentement.. »

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